L’Opep ouvre enfin les vannes du pétrole
Avec l’embargo européen, la production russe de pétrole pourrait baisser de 2 millions de barils/jour sur un total de 10 millions, selon l’Agence internationale de l’énergie.
Pour éviter ce scénario, l’Opep + qui réunit treize grands producteurs de pétrole du Moyen-Orient, d’Afrique et d’Amérique du Sud, ainsi que dix autres pays menés par la Russie, a décidé jeudi 2 juin d’accroître sa production quotidienne de 432.000 barils de pétrole actuellement à 648.000 en juillet, puis en août. Une nette inflexion. Depuis le printemps 2021, le consortium, désireux de soutenir les cours pour retrouver ses niveaux d’avant la pandémie du Covid, résistait aux pressions occidentales et n’avait relevé que très modestement ses quotas.
Fin du déni
Constituée en 2016 après l’effondrement des cours de 2014-2015 suite à l’arrivée massive du pétrole de schiste américain, l’Opep +, élargie, pompe environ la moitié du pétrole mondial. Dominée par l’Arabie saoudite et la Russie, cette alliance opportuniste a réussi à se maintenir. « L’Arabie saoudite a cherché à ménager la Russie qui a besoin d’un prix du brent élevé pour financer sa guerre » , indique un expert de l’énergie. D’ailleurs, en mars, lors de la précédente réunion de l’Opep, le conflit en Ukraine ne fut pas mentionné.
Aujourd’hui, fini le déni. L’embargo européen accroît les craintes de pénurie et change la donne. « La hausse des prix du pétrole risquait de finir par provoquer une baisse de la demande », note Ahmed Ben Salem, analyste au cabinet Oddo. Louant « l’importance de marchés stables et équilibrés », l’Opep + s’est enfin décidée à ouvrir les vannes. Au sein du cartel, seuls l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et l’Irak sont en mesure de le faire.
Pour Washington, qui a mis la pression, ce revirement de l’Opep + est une bonne nouvelle. Du coup, ses relations se réchauffent avec Riyad. Au début de son mandat, Joe Biden refusait d’échanger avec le prince héritier Mohammed ben Salmane. Finalement, il se rendra dans la capitale saoudienne d’ici à la fin du mois et aura bien une entrevue avec MBS. Alors que les beaux jours sonnent la driving season aux Etats-Unis et que les élections de mi-mandat approchent, le président américain, confronté à une inflation de plus de 8%, veut voir les prix du brut chuter. Ou au moins s’arrêter de grimper.
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