La dépendance de la Chine empêchera la guerre
En Chine, l’économie va très mal. Les confinements des grandes villes, liés à la stratégie zéro-Covid, ont divisé la croissance par deux. Les données de mobilité des Chinois révèlent une baisse de plus de 50%. Le pays devrait ainsi connaître une récession au deuxième trimestre. Pour la France et l’Europe, ce choc peut avoir des effets positifs sur le prix des matières premières, en freinant leur emballement. La demande chinoise représente, en effet, 15% de la production mondiale de pétrole, 9% de celle du gaz, 21% de la production alimentaire et 58% de celle de métaux.
Mais ce ralentissement perturbe beaucoup nos approvisionnements, en particulier dans l’industrie. Pour relancer son économie et tenter d’atteindre son objectif de 5,5% de croissance en 2022, la Chine va engager une politique monétaire expansionniste, notamment par une baisse des taux. C’est l’un des seuls pays au monde à le faire malgré l’inflation, ce qui pousse les investisseurs internationaux à acheter des actions chinoises, qui seront favorisées par cette politique.
Lire aussiLa Chine et Xi Jinping face à l’échec de la stratégie zéro Covid
La Chine peut-elle être la prochaine Russie ?
Alors, dans ce contexte, la Chine peut-elle être la prochaine Russie, en entrant en guerre avec Taïwan, comme Moscou l’a fait en Ukraine, ce qui provoquerait de lourdes sanctions occidentales? Je ne le crois pas. Car la Chine est bien plus dépendante économiquement de l’Europe et des Etats-Unis. La stratégie de Xi Jinping, qui souhaitait rééquilibrer sa croissance, en développant son marché intérieur, a échoué.
La demande interne ralentit durablement sous l’effet notamment du vieillissement de la population et de la faiblesse des pensions de retraite. Alors que les exportations ne se sont jamais aussi bien portées, grâce à la demande de produits informatiques et d’équipements domestiques pendant la crise du Covid, la Chine reste très dépendante de ses exportations. Pour atteindre ses objectifs de croissance, Xi Jinping a besoin des marchés européens et américains et il serait très gêné par des sanctions sévères sur ses produits. La Chine est une nation mercantiliste.
Ne pas gripper l’économie durablement
Ses dirigeants ne veulent pas gripper durablement l’économie. La dépendance chinoise aux matières premières (pétrole, alimentaire, métaux), importées massivement, est bien plus gérable car l’empire du Milieu est souvent en position de force dans des Etats disposant de ressources minières, surtout en Afrique. En revanche, pour ses exportations de produits industriels, sa dépendance à l’Occident est plus problématique. Ce qui devrait limiter le risque de voir Pékin connaître la même dérive guerrière que Moscou.
Par Patrick Artus
Lire la suite
www.challenges.fr